Peter Wensierski

geboren 1954 in Heiligenhaus

Il attenta à l'existence de la RDA, au vrai sens du terme. Avant les „élections communales“ du 7 mai 1989, un rituel électoral est-allemand sans importance, Peter Wensierski montra à la télé, dans l'émission Kontraste, diffusée par la chaîne berlinoise SFB, comment s'y prendre pour voter non. On y voyait sa main, qui rayait soigneusement un à un les noms sur un bulletin de vote est-allemand. C'était la seule possibilité de s'assurer que le bulletin deviendrait nul, pour que le suffrage ne soit pas comptabilisé pour la liste unique. Comme il était impossible de se procurer ces bulletins à Berlin-Ouest, Wensierski photocopia un tel bulletin reproduit dans un livre scolaire est-allemand, le découpa, et le tour était joué.

À cette date, le journaliste engagé était déjà interdit de séjour en RDA. La Stasi avait compris depuis longtemps que Wensierski n'attentait pas seulement concrètement au système, mais y attentait aussi au sens figuré. Dans le dossier établi sur son compte par la Stasi, on trouve la remarque étonnamment juste : „D'après Wensierski, la réforme du Parti a des limites.“ À partir de 1979, il se rendit régulièrement en RDA comme correspondant pour différents médias. Bien avant la plupart des journalistes ouest-allemands, il constata lors de ses voyages de reconnaissance dans l'autre Allemagne, à quel point la RDA allait mal. Il ne se borna pas à prendre l’avis de quelques têtes dissidentes dans la hiérarchie ecclésiastique et de communistes pas très orthodoxes. Wensierski observa plutôt la scène punk, les groupes écologistes et pacifistes et les milieux artistiques. De plus en plus souvent, il rencontrait le „ras-le-bol de la RDA“.

„En tant que reporter de voyage, j'avais plus de libertés que les collègues accrédités. Par exemple, je n'avais pas besoin de demander une autorisation pour chaque déplacement en dehors de Berlin ou pour chaque interview. Le système avait une faille“, se souvient Wensierski. Mais il se souvient aussi que dans les années 1980, ce n'était pas facile d'éveiller l'intérêt d'un jeune public ouest-allemand pour les gens qui vivaient de l'autre côté du Mur. Il trouva alors le média idéal en la chaîne télévisée Sender Freies Berlin, surtout son émission dédiée aux sujets germano-allemands Kontraste. Largement capté à l'Est, c'était presque devenu un programme obligatoire pour les esprits critiques. Pendant des années, Wensierski, souvent en collaboration étroite avec Roland Jahn, dissident expulsé originaire d'Iéna, rendit compte des activités des cercles critiques et informa ses concitoyens sur les activités des militants pour les droits civiques en RDA, par le biais de la télé ouest-allemande. Les caméramans sur place, qui filmaient en prenant de grands risques, par exemple à Leipzig, étaient une aide indispensable.

Depuis la Révolution pacifique, à laquelle il prêta très tôt sa voix, Wensierski est resté fidèle au travail de mise à plat du passé, entre autres par des films sur la Stasi. Par ailleurs, il a servi la cause des enfants dans les foyers de RFA en attirant l'attention sur leur sort.

Sven Felix Kellerhoff

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